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Lettre lue au Conseil municipal du 23 octobre 2006



Le Havre, ville balnéaire, classée au patrimoine de l'Unesco, ville d'art et d'histoire, ville fleurie, accumule les distinctions en affichant fièrement son pavillon bleu, de quoi inciter de nombreux visiteurs à faire une halte à la Porte océane.

La municipalité oeuvre pour un développement touristique, portuaire et industriel, un commerce de qualité, sans oublier l'accentuation des activités nautiques et la création dans un futur proche du Centre de la mer - de quoi séduire des publics très variés.

Les statistiques fournies par la Région Haute-Normandie et par l'office de tourisme du Havre confirment déjà l'augmentation des visiteurs dans notre ville.

Voilà un avenir qui appelle la diversification des structures d'accueil ; comme l'a souligné le ministre du Tourisme, M. Léon Bertrand, lors de son passage à Vattetot-sur-Mer : diversité égale complémentarité.

Or, malgré un manque certain d'hébergements aujourd'hui au Havre, la situation va s'aggraver avec la fermeture prochaine du camping de la forêt de Montgeon, alors que M. Daniel Fidelin, député, annonçait lors de la conférence de Vattetot que les ventes d'hébergements en camping représentent en Normandie 34 %.

C'est pourquoi, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, nous souhaitons vous dire notre inquiétude quant à la disparition de toute la richesse que peut apporter ce site magnifique.



Le camping accueille chaque année environ 6 000 personnes, ce qui représente la vente de 20 000 nuitées. La mobilité professionnelle, de nos jours en progression constante, y amène majoritairement des travailleurs missionnés à court, moyen ou long terme. Ce mode d'hébergement est pour certains plus intimiste et convivial, pour d'autres il est tout simplement économique. Familles et amis de ces travailleurs, leur rendant régulièrement visite, sont à mettre au nombre des clients.

L'été, le monde du travail diminue et laisse place aux vacanciers.



À la date du 31 décembre, ceux qui aujourd'hui participent à la vie économique de notre ville vont perdre leur hébergement. À ce jour, rien n'est proposé pour que leur qualité de vie soit conservée. Ils risquent de se trouver davantage coupés de leurs familles, qui ne pourront plus toujours se loger.

À la date du 31 décembre, les adeptes de la tente, de la caravane ou du camping-car ne pourront plus s'arrêter une nuit ou deux au Havre, ville pourtant inscrite dans tous les guides touristiques !

À la date du 31 décembre, que deviendront les quelques familles qui, en situation précaire d'urgence, se logent temporairement sur le camping ? Le camping, qui n'a pas vocation à être un service social, se substitue parfois aux élus qui ne trouvent pas eux-mêmes de solutions immédiates.




Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux :

La disparition de la surface dédiée au camping n'est-elle pas en contradiction avec les projets portés par la municipalité ?

La décision de cette fermeture n'équivaut-elle pas à ignorer une forme d'hébergement qui satisfait un nombre croissant de touristes et de travailleurs ?

Ce type d'hébergement ne permettait-il pas de répondre dans le même temps à un problème économique majeur et à une volonté écologique incontournable ?




Par ailleurs, des associations et des entreprises ont élus domicile au camping. Un loueur de vélos, des ateliers de théâtre, de yoga, de danse, des groupes musicaux s'appuyant sur la structure pour organiser répétitions, expositions, réunions, animations sportives ou spectacles,y attirent plus de 2000 personnes par an. Ce tissu associatif et d'entreprises a dessiné la personnalité du site, lui donnant son originalité là où, sans perspectives d'avenir depuis cinq ans, il est resté à l'état embryonnaire.

Où toutes ces ambitions réunies, formant le coeur du camping au coeur de la forêt, vont-elles continuer à battre ?

Trois emplois vont être supprimés, une association et une entreprise individuelle risquent de fermer, entraînant avec elles deux nouveaux chômeurs. Divers intervenants vont perdre des heures de travail.



Nous ne pouvons que constater la mise à l'écart aujourd'hui, par ce choix politique, de nombre de personnes, professionnels ou consommateurs.



Le résultat de l'étude commandée au cabinet Détente par la Ville du Havre début 2004 met en évidence que la Ville doit investir 700 000 euros pour la remise aux normes del'infrastructure. L'étude précise que si les choses restaient en l'état, le délégataire irait droit au dépôt de bilan. C'est ce qui se profile.

Pourquoi la Ville investit-elle dans de grands projets sans vouloir financer ce site qui permet d'accueillir un public particulier, condamnant ainsi un tourisme pluriel, excluant un « tourisme de travail » tout en développant un tourisme d'entreprises ? Des énergies formidables, des projets dynamiques associés à des compétences très diverses tournées vers le développement du camping ont attendu impatiemment, cinq ans durant, un feu vert qui ne leur est jamais parvenu. N'ont-ils à ce jour plus d'avenir ?

Tout va à l'encontre de la décision prise : Le déficit de la société délégataire aurait pu être contré si, avant la dégradation de la situation, des travaux de rénovation et des investissements avaient été entrepris. La réalisation de bungalows, autorisée par le plan d'occupation des sols, aurait permis d'aller au-devant d'une nouvelle clientèle, de travailler avec des tours opérateurs et comités d'entreprises, de communiquer sur la juste valeur du camping, et donc d'accueillir de nouveaux clients.




La baisse du trafic transManche n'est que temporaire, les Anglais passent toujours à Dieppe. La volonté politique de s'inscrire dans la transeuropéenne trouve, avec une activité de location de vélos, d'hébergement et de restauration, tout à fait sa place.

Rappelons que le camping a obtenu son label environnemental « Clé verte » pour la cinquième année consécutive et ne fait donc pas tache dans le paysage havrais. Rappelons également que, la première année, il s'est distingué en obtenant la double félicitation du jury.




Le courage, la patience dans l'attente des salariés et des acteurs partenaires sont preuve d'une grande volonté malgré l'impossibilité de se projeter dans l'avenir. Ces quelques points évoqués, et il y en a bien d'autres, ne nous permettent pas de partir sans rien dire, car la mort de ce site qui souffle dans la forêt reflète un vrai problème social qui nous touche tous de près ou de loin.

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers, nous vous demandons aujourd'hui que la décision de la fermeture du camping ne soit pas entérinée par le conseil municipal, et espérons vous rencontrer au plus vite afin de trouver une solution rapide à cette situation difficile et injuste.




Le collectif contre le fermeture du camping